[ 20 février 2023 by support 0 Comments ]

Les chroniques de KAMAH Numero 1

C’est dur d’y penser…
Deux bonnes nouvelles ont ponctué cette semaine : l’inauguration de l’Université Khadimoul Khadim de Touba et la consécration de nos jeunes lions du football comme champions d’Afrique, presque jour pour jour, un an après leurs aînés.
Cela donne du baume au coeur et nourrit l’espoir que des évènements heureux peuvent encore se passer dans notre pays avec la généreuse vertu de sceller la concorde nationale. Que Dieu nous en gratifie chaque jour davantage !
Du fiel sur le miel. Les nouvelles à la peau dure sont les mauvaises. Elles sont malheureusement nombreuses et ont perdu leur nouveauté depuis belle lurette. Un coup d’oeil, même furtif, permet de constater que la bataille pour la dépense quotidienne ne connait pas de trêve, le rappel du loyer cristallise l’anxiété, les dates limite de paiement des factures d’eau et d’électricité sont mémorisées même dans les rares sommeils les plus profonds, le paiement de la scolarité forme un couple permanent avec le refus de l’accès à l’ecole aux enfants dont la malchance est d’être issus de parents démunis, les ordonnances pourrissent dans les tiroirs, le ticket modérateur empêche d’accéder au centre de santé, l’insécurité ne se contente plus de galoper mais terrasse ses cibles sans pitié, les cache faim ont fini d’imposer leur présence au coin des rues même dans les quartiers jadis résidentiels, le chômage est devenu un mode d’emploi familier.
De la douleur sur la douceur. Le Sénégal est devenu un pays où l’on ne compte plus les arrestations pour des raisons politiques, les morts et disparitions bizarres, atroces ou mystérieuses, les dossiers non élucidés, les complots politiques de tout genre.
De l’amnésie pour supporter la souffrance. Gros tapage, tristesse éphémère et oubli éternel, tel est le tempo qui nous est imposé par le concert médiatique au rythme des communiqués officiels et des réactions des leaders d’opinion pour gérer les accidents et malheurs quotidiens dont personne n’est vraiment responsable sauf peut-être, les méchants djinns qui ne peuvent pas se payer un avocat.
De la moquerie en guise de compassion. Les revendications des travailleurs et les indemnisations qui leur sont dues sont réveillées par les grèves de la faim et sont « réglées »par la répétition de promesses de règlement imminent.
Enfin, notre pays souffre et s’achemine tout droit vers des confrontations que personne ne souhaite, que tout le monde redoute et que rien de rassurant ne semble pouvoir freiner. En attendant, c’est l’échauffement à travers les dérapages verbaux et mobilisations extraordinaires pour préparer le combat entre la force et la résistance.
Les plus veinards entre nous se réfugient dans les faits divers, les spectacles des stars de Tik Tok et les lives, avec en toile de fond, une « gamification » de la vie qui fait oublier la mort. Peut-être, une belle trouvaille pour forcer à oublier les dures réalités de la vie en trouvant un refuge consolant qui ne nous épargne sûrement pas d’un réveil brutal. Un second, pour être précis ! Le premier, c’est la découverte du « tong tong » des fonds covid au moment où le peuple soumis a conféré tous les pouvoirs au pouvoir pour pouvoir éloigner le mal. Aujourd’hui encore, ce traumatisme a brisé chez beaucoup d’entre nous la confiance au discours public.
Allez, apprenons à oublier l’essentiel car c’est dur d’y penser!
A vendredi, In sha Allah.

Boubacar CAMARA Kamâh
Vendredi 10 février 2023

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